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Je ne sais pas qui m’a dit ça

Publié le par delps

Je ne sais pas qui m’a dit ça

Un jour de Septembre, je marche dans la rue quand je vois devant moi une grenouille gigantesque.

La grenouille me dit alors :

« N’avance pas, tu risques de tomber dans l’eau ! »

Au loin quelques lumières indiquent la présence, en tout cas une présence, peut-être un pêcheur qui ne trouve plus la route pour rentrer au port avant l’orage.

Ca c’est sûr, je risque de tomber dans l’eau.

Se dépêcher, avancer dans le noir et cette lumière obstinante qui vacille lorsque j’avance.

J’entends plic, ploc, plic, ploc.

C’est la grenouille.

Elle revient. Et d’un coup disparaît. A la place, une pluie intense me traverse jusque dessous mes vêtements.

J’ai froid, si froid dans ce paysage glacial et humide.

Je me blottis sous un arbre.

La pluie cesse.

Une petite grenouille passe devant moi avant de se jeter dans l’eau.

Il n’y aura pas de prince charmant ce soir.

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Ce mur qui n’avançait pas

Publié le par delps

Ce mur qui n’avançait pas

Inspiré d’un stage de théâtre avec Dan Jemmett et d’Eschyle

Retour du soldat après la guerre de Troie

Il y avait un mur

Le mur qui n’avançait pas

Et tous les jours

Ces morts

Ces mains pleines de sang

Et l’eau sale et les rats

Qu’il fallait manger

Et tous les jours

L’ennemi derrière le mur

Qui était invisible

Derrière ce mur

Les morts qui tombaient

A terre toujours plus nombreux

Et cette eau sale qu’il fallait

boire, les rats qu’il fallait manger

Ce bruit, le jour, la nuit

Et ce sang sur les mains

Pendant 10 ans

Et maintenant je reviens

Je te dis cela comme un aveu

L’aveu de mon impuissance.

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Dans un théâtre

Publié le par delps

Dans un théâtre

C’est dans un théâtre que je l’ai rencontré.

Depuis que je suis sortie de la salle, je n’oublie pas son visage.

Il devient transparent dans le brouillard.

Je sais que je ne le reverrai jamais.

Il jouait cette fois une pièce fort simple : « L’homme qui dit non ».

A chacune des répliques de ses partenaires, il répondait non.

A la fin de la pièce comme convenu, il meurt.

Mais c’est du théâtre ! Je le reverrai.

Arrivée à la voiture, je sens une main caresser mon épaule.

C’est lui j’en suis sûre.

Je me retourne et rien.

Juste sur le sol un papier avec écrit dessus un NON en lettres massives.

Je ne suis jamais revenue.

Je ne l’ai jamais revu.

Ainsi meurt les amours.

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Leurs rires gras et niais ou Alice au pays des merveilles

Publié le par delps

Leurs rires gras et niais ou Alice au pays des merveilles

Un jour, Alice aux pays des merveilles entend les rires gras et niais de ses voisins du dessous.

Elle regarde par le trou de la serrure et ne voit rien.

Pourtant le bruit ne fait qu’augmenter.

Au même moment, une voiture se gare dans la cour.

Elle vient chercher le cadavre d’une vieille princesse qui ne s’était pas mariée.

Alice observe de sa fenêtre le va-et-vient des croque-morts.

On voit ensuite le linceul déposé dans la voiture qui s’en va à toute allure.

Alice pleure car elle l’aimait bien cette vieille princesse.

Elle ouvre la porte, descend l’escalier, bouscule un des voisins du dessous avec son rire gras et niais, se précipite dans la cour, ouvre le portail, court dans la rue, mais la voiture noire est partie.

Alice est maintenant perdue au milieu de la grande ville.

Elle n’a pas de téléphone portable pour appeler son ami le lapin blanc. Elle reste prostrée sur un banc. Quand soudain elle entend une voix douce et familière.

C’est le chapelier. « Viens ! » lui-dit-il.

Elle le suit. Et derrière son grand chapeau, on aperçoit le reste du monde.

Elle sait combien le monde est grand et qu’il faut toute une vie pour le découvrir.

A ce moment précis Alice trouve un téléphone qui se met à sonner.

« Où es-tu ? » lui demande le lapin blanc.

« Je ne sais pas. Je suis avec le chapelier ».

« Et bien dépêche-toi. Viens me rejoindre au… » et la conversation se coupe.

« C’était le lapin blanc » dit Alice.

« Où est-il ? » demande le chapelier.

« Je ne sais pas, mais je suis sûre que derrière le brouillard on va le retrouver ».

Arrivés devant la grande porte de la ville, ils aperçoivent les champs à perte de vue et quelques maisons disséminées ici ou là.

« On continue ? » demande Alice.

« Oui, on continue » dit le chapelier.

Après plusieurs jours de marche, les deux acolytes arrivent à la lisière d’une forêt prés d’un étang, sous un ciel bleu nimbé d’épais nuages.

Une ancienne reine, cousine de la vieille princesse morte ouvre la porte d’une humble demeure.

« Je sais qui tu es Alice. Je connais ton secret. Entre. »

Alice et le chapelier entre dans la maison.

La vieille reine leur offre une soupe. Cette soupe est magique.

Elle donne droit à trois vœux qui se réaliseront immédiatement.

Alice réfléchit et réfléchit encore.

« Je veux retrouver mon père ».

Et il apparaît.

« Je veux revoir la vieille princesse ». Et elle apparaît.

« Je veux être immortelle et connaître tous mes petits-enfants ».

A ce moment là le lapin blanc apparaît.

Le chapelier, la reine et toute la maison disparaissent.

Le lapin mordille ses petites mains.

Alice se réveille dans le jardin.

Elle sent l’odeur des fleurs du printemps précoce.

Elle caresse son petit lapin blanc.

C’est l’heure de rentrer manger. A côté d’elle, elle ramasse son grand chapeau.

Elle sait que quelque part ses rêves existent, pour de vrai, dans ce territoire inaccessible qu’est l’imagination.

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Le souffle du vent et la tristesse du monde

Publié le par delps

Le souffle du vent et la tristesse du monde

Le souffle du vent est joyeux. Il souffle si bien, si fort, si constamment qu’on finit presque par l’oublier.

Les fleurs sont habituées.

Les arbres ont la tête qui tourne si vite qu’ils s’affaissent sous la pression du souffle.

L’épaisse forêt animée ainsi devient belle.

Foisonnante de couleurs et de tons de vert, elle répond au souffle en se pliant à ses désirs.

Mais non loin de là, la tristesse du monde se tapisse dans l’ombre.

Après la montagne on sait qu‘elle existe, mais on ne la voit pas.

Seul un bruit sourd et entêtant alerte de sa présence.

« Un jour elle arrivera » entend-t-on au coin des chemins.

C’est comme une mauvaise lune ou un soleil pesant.

Le souffle du vent saura dissiper cette inquiétude qui pèse sur le monde.

La tristesse du monde est finalement restée chez elle bien loin de la forêt.

Elle n’a pas réussi à la détruire.

Certains soirs cependant on entend le bruit sourd s’approcher, mais ce n’est que l’écho du vent sur la montagne.

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Madame pas de chance est vêtue de noir

Publié le par delps

Madame pas de chance est vêtue de noir

Elle avait l’habitude d’errer dans les rues à chercher un peu de chance dans cette vie morose. Elle trainait avec son air fatigué et pâle, vêtue d’un noir de corbeau à qui on n’aurait pas donné un fromage.

Elle ne regardait plus les autres. Son regard maintenant était intérieur.

Madame pas de chance un beau jour de juin, mois humide et pluvieux dans ces contrées reculées, décide de partir en bateau sur le lac recouvert d’un gris épais.

Cette tâche noire sur le gris fait alors une si forte impression sur le pêcheur au bord de l’eau, qu’il prend peur et s’enfuit.

Madame pas de chance veut en finir avec la vie.

Pas de chance. C’est jamais de chance et elle en a marre de pleurer toutes les larmes de son corps.

Arrivée au milieu du lac, elle voit à travers l’eau les poissons argentés et aussi comme une tâche d’encre.

C’est son reflet. Attirée du regard par cette tâche sombre, elle se penche tant et si bien qu’elle finit par tomber dans l’eau.

Madame pas de chance n’a jamais appris à nager.

Elle se laisse porter par les vagues de ce jour de bise.

Elle s’enfonce tout doucement.

Madame pas de chance s’est trouvé un nouveau nom… Elle se transforme en écume et seul le pêcheur qu’on interrogera quelques jours plus tard sera dire ce qu’il a vu : une tâche noire sur un fond gris qui disparaît à travers la brume de juin.

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La sorcière et le charlatan

Publié le par delps

La sorcière et le charlatan

Il était une fois une vieille sorcière. Elle avait l’habitude d’aller au marché pour acheter des lapins bien dodus et de l’herbe pour ses potions magiques.

Mais un jour, arrive au village un charlatan. Il veut embobiner tout le monde et vendre des ustensiles colorés et inutiles.

La sorcière ne se laisse pas faire et refuse d’acheter de telles choses.

Alors que la sorcière retourne dans sa masure, au fond du bois, le charlatan la suit à la trace. Il regarde à travers les branchages cette petite vieille au nez crochu.

Elle arrive dans sa maison, ébouillante les deux lapins qu’elle a achetés et prépare quelques herbes pour une nouvelle potion.

Le charlatan par la fenêtre assiste à tous ces préparatifs.

« Quelle princesse va-t-elle envouter ? Quel prince va-t-elle tuer ? » se demande le charlatan.

Il cherche par tous les moyens comment embobiner la sorcière et se faire un peu d’argent.

Il réfléchit une minute, puis deux et trouve une idée.

Il va demander à la sorcière de créer une potion magique pour que les gens achètent ses ustensiles colorés.

Il frappe à la porte.

« Qui est là ? » demande la sorcière.

« Je suis un modeste marchand. Je voudrais vous parler. »

La sorcière ouvre et comprenant à qui elle a à faire, pousse ni une ni deux le charlatan dans la marmite bouillante et salive déjà au festin qu’elle fera le soir.

On n’a jamais plus entendu parlé du charlatan dans le pays.

Tous ses ustensiles ont été brûlés et on voit roder la sorcière les jours de marché.

Elle a un peu grossi d’avoir tant mangé l’autre soir.

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Un jour un roi

Publié le par delps

Un jour un roi

Un jour un roi paresseux ne se lève pas et laisse son peuple seul, démuni.

Désorienté, le peuple crie à la fenêtre du roi, les murs en tremblent.

Le peuple mécontent de ne pas être entendu déplace la colonne de pierre au centre de la grand’place où se trouve à son sommet la statue du roi.

Elle vacille mais ne tombe pas.

La foule grandit, la colonne bouge maintenant dans tous les sens et finit par tomber avec la statue, au milieu de la foule, heureusement sans écraser personne.

Le peuple galvanisé par cet incident décide de grimper à la façade du château du roi.

Quelques intrépides côtoient le vide et finissent par tomber, épuisés par l’effort, car le château est particulièrement élevé.

Le roi dans un demi-sommeil entend les cris au-dehors.

Il se lève, s’avance vers la fenêtre, scrute l’horizon, baisse son regard et avec effroi constate le début d’une révolution.

Il appelle son général en chef.

« Général faite tuer tous ces malheureux.

Ils n’ont pas à interrompre le sommeil du roi ! »

On tire au canon mais rien n’y fait.

La foule armée de pierres grandit et grandit tant et si bien que le château s’écroule de toute part sous le poids de la foule qui avance.

Le roi assommé par une pierre meurt dans l’écroulement du château.

Et à cet endroit on a dressé le monument du souvenir.

La statue d’une petite colombe de pierre veille sur les ruines de la forteresse qui fut jadis celle d’un roi méchant et paresseux.

Garde l’œil ouvert en toutes circonstances lorsque tu es roi.

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Il est sûr et certain

Publié le par delps

Il est sûr et certain

 

Il sait qu’il va mourir, c’est pour cela qu’il se bat tous les jours.

Il commande sur internet des pizzas bizarres.

Il allume la lumière en plein jour et écoute de la musique la nuit.

Il est comme envouté par les images qu’il capte sur son écran.

Toute la journée il tape sur un clavier.

Sa vie n’est qu’un signal lumineux au milieu de la nuit polaire.

Il voit des ours blancs passer par là, mais dans la nuit on les distingue à peine.

Il pleure chaque soir pour que le jour revienne, mais rien n’y fait : il fait nuit.

Il en a oublié la bouteille de vin posée sur sa table de chevet.

Il voit des paysages roses dans ses rêves.

Mais la lumière n’est toujours pas là.

Alors il implore le soleil qui a bien dû se cacher quelque part.

Mais rien n’y fait.

Alors il pleure.

Quand enfin sur son écran apparaît un message mystérieux : « Vous êtes recherché sur une autre planète ».

Il sait qu’au fond du cosmos le soleil s’est caché.

Alors quelle planète ? C’est une blague, un faux. C’est impossible.

La planète, c’est plus au sud, là où il y a du soleil, là où il rêve toutes les nuits d’aller pour se dorer la pilule.

Il est coincé ici dans ce monde sombre et sans lumière.

Il sait qu’au bout de cette nuit noire le soleil reviendra.

Alors, il décide d’éteindre l’écran et voit en fermant les yeux un paysage d’un rose flamboyant.

C’est ainsi qu’il est heureux dorénavant.

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Il était bulgare

Publié le par delps

Il était bulgare

Il venait du pays du yaourt.

A dix ans déjà il sait lire, écrire, chanter.

Il part sur les routes colporter ses histoires. Il continue jusqu’à l’âge adulte.

Il trouve un métier. Il devient cordonnier et jusqu’à sa mort il recoud les chaussures abimées.

Il est trop timide pour aborder les filles.

Il reste seul dans sa cordonnerie.

Il meurt seul au milieu des clous et du cuir.

Mais dans le village on n’a pas oublié ses histoires d’enfant. Et depuis qu’il est parti, on se raconte ses histoires à tous les mariages pour porter chance aux couples amoureux.

Car dans ses histoires il y a un grand trésor, une bénédiction qui assure l’amour pour la vie. Il l’avait caché dans chacun de ses mots et c’est comme cela qu’il a aimé sur terre, pour donner le goût du bonheur à ceux qui s’aiment.

On appelle cela le désir.

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