Oh une mouette !
Oh une mouette !
La mer
Bleue
Le ciel
Bleu gris
Quelques autres oiseaux
Et la foule qui grouille
Tanger 2016
Contes, fables, poésies, dessins, gravures, peintures, photos attrapés au vol
Oh une mouette !
La mer
Bleue
Le ciel
Bleu gris
Quelques autres oiseaux
Et la foule qui grouille
Tanger 2016
Il était une fois un âne
Il vivait au pied de la montagne
Et lorsque le petit berger
Lui tapait dessus pour le faire avancer
Il brayait de toutes ses forces
Dans la chaleur de l’été
Il faisait plus de 36 degrés
Le berger avançait avec son âne
Dessus il avait mis sa cargaison de fruits
Venus des vergers plus bas dans la vallée
Tous deux cheminaient vers la ville
Au-dessus de la rivière
Où les murs bleus se coloraient des fruits et légumes du marché
Il était tôt le matin mais déjà la chaleur les harassait
Pour traverser la rivière et aller jusqu’à la ville
Il n’y avait qu’un petit pont de pierres
D’autres paysans et leurs ânes
Passaient dessus en même temps
Il n’y avait plus de place pour eux
Alors le berger descendit dans la rivière
En poussant son âne
Qui brayait encore plus fort
Et ils remontèrent jusqu’à la ville péniblement
La fraîcheur de l’eau avait revigoré l’âne
Dégoulinant de partout
L’eau coulait dans les ruelles
Sous le étales du marché
Parmi les femmes accroupies
Avec leurs herbes odorantes
Et bientôt toutes les rues furent remplies d’eau
Et depuis ce jour, coule une fontaine
Au milieu de la place de la ville
Elle porte le nom du petit berger et de son âne
On entend certains soirs, si on tend bien l’oreille
Le braiment de l’âne
Dans l’eau qui coule de la fontaine
Plusieurs fois en écho dans les montagnes
Le bateau ne fait pas un bruit
Il avance sur la mer
Comme un surfeur sur une vague
Il ne pense qu’à lui
Il ne pense pas aux petits poissons
Aux faibles embarcations
Il s’impose sur son territoire
Pourra-t-il sauver ceux qui se noient ?
Il a mille petites barques dans ses soutes
Il a mille repas à donner
Aux riches comme aux pauvres
Il est conquérant des mers
Pas affolé par la foule qui l’attend au port
Pas de bruit de turbines
Il est en suspension entre ciel et mer
Telle est sa place à l’infini
La pluie vient de commencer à tomber
Les feuilles des arbres sont maintenant mouillées
Il n’y a plus rien à faire dans le jardin
Il faut rentrer
Il faut préparer le repas
Laver les fruits
Eplucher les légumes
Demain sera meilleur et savoureux
Demain nous inventerons un autre monde
Celui-ci ne nous convient plus
Alors les oiseaux nous porteront bonheur
C’est sous nos balcons qu’ils feront leurs nids
C’est sur le toit qu’ils viendront se poser
Et nous nous serrerons l’un contre l’autre plus fort encore
Pour nous réchauffer les jours de froid
Le voyage en attente
La vie bien plus triomphante
Ce sera bien je te l’assure
N’oublie pas de rêver
La porte est ouverte
La fenêtre aussi
Au-dehors volent les oiseaux
Ils regardent au loin à l’horizon
Rien qu’un bateau avec deux voiles
L’oiseau noir tourne au-dessus
Puis il se rapproche de l’arbre centenaire
Et de la maison toute blanche
Il se posera dessus avant d’aller narguer le bateau
Il annonce une bonne nouvelle
Toute la ville sera bientôt au courant
Au bord de l’eau les pêcheurs voient l’oiseau noir
L’un des pêcheurs plonge son filet dans l’eau
A l’intérieur un poisson argenté énorme
Le pêcheur l’attrape
Le donne à l’oiseau noir
Il le mange rapidement
Retourne au-dessus du bateau
Une musique douce sort de son bec
Les pêcheurs chantent
Le bateau s’illumine dans la nuit
Il ne reviendra pas en ville
Il est parti pour faire le tour du monde
L’oiseau noir l’accompagnera
Les pêcheurs chantent
Boivent et vont couler
Les fleurs blanches éparpillées sur l’herbe
Le printemps reviendra
Par deux fois il m’a demandé si je voulais venir avec lui
J’étais seule
Je n’avais rien d’autre à faire
Je trouve indécent de toujours refuser
Et il insistait lourdement
Je l’ai suivi dans la forêt
A travers les champs
Au-delà de l’autre forêt
Il a commencé à me parler
A me dire ce qu’il avait sur le cœur
Il parlait bizarrement
Puis au détour d’un chemin
Il s’est mis à courir et il a disparu
Je ne l’ai plus jamais revu
Je me rappelle d’une de ses paroles :
« Tu ne regarderas pas en arrière car si tu souris à la mort, elle t’emportera. »
Ce que je fis c’est courir jusqu’au prochain village
Dans la petite maison
Au coin de la rue
Et réfléchir longuement
J’y suis encore
Et rien n’efface son souvenir