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L'orage

Publié le par delps

 P1050575


Par une nuit noire, intense et bleue.

La nuit noire est illuminée par les étoiles et la lune. 

Le soleil est parti.

Le ciel par endroit s’obscurcit tellement qu’on pourrait s’y perdre.

L’éclair arrive.

Il est suivi de peu du tonnerre lointain.

L’éclair se multiplie, il prend ses aises dans la rumeur de la nuit.

Il illumine plus fort que les étoiles et la lune réunis.

Rien ne l’arrête.

Le dernier oiseau qui vole ne continuera son chemin qu’après la pluie et l’orage.

En attendant, il se cache dans les maisons, grottes de fortune.

La pluie arrive.

La goutte fine devient pluie abondante, ruissellement des toits et des rues, averse dense dans laquelle personne ne courra sans être mouillé.

Le tonnerre suit de près les nouveaux éclairs, et là le bruit est si fort que cela fait comme une bombe.

Une guerre se trame dans le ciel.

Les hommes se cachent quelque part au sol.

Plusieurs détonations, assourdissantes, qui font trembler les lumières électriques.

La pluie faiblie.

Le tonnerre s’éloigne et les éclairs s’espacent dans le ciel noir.

L’orage est passé.

Il n’a laissé comme traces que quelques flaques d’eau et un mauvais sommeil.

La chaleur étouffante s’est muée en une certaine fraîcheur avant de revenir accabler le corps des hommes le jour suivant.

C’est ainsi que passe l’été.

C’est ainsi que la saison perpétue l’orage, peur d’enfance ou petit frisson.

C’est ainsi qu’il est revenu l’autre soir.

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Quelques mots

Publié le par delps

 

Il était une fois, un homme et une femme, nus comme des vers, vivants au milieu de la forêt. P1050585
Ils cueillent les fruits au printemps, les blés en été pour faire du pain et les baies sauvages en automne pour faire des confitures.
L'hiver venu, la neige recouvre les derniers marrons tombés des arbres et ils commencent à avoir faim.
Nus comme des vers, ils n'ont pas froid.
L'écureuil roux passant par là, avant d'aller se coucher dans sa maison douillette, leur demande : "Mais vous n'avez pas froid vous les êtres humains ? Moi, j'ai un chaud pelage,

mais vous vous êtes tout nus !"
"Et bien non écureuil, nous n'avons pas froid, nous avons faim. Nous donneras-tu quelques noisettes ?"
"Non chers humains, Je les ai patiemment ramassées au long des jours bien avant l'hiver. Vous n'aviez qu'à ne pas tout manger avant l'hiver !"
"Mais nous ne savions pas P1050574qu'il y aurait l'hiver après l'automne. Nous ne savions rien."
"Et bien je veux bien vous donner une noisette que vous couperez en deux. Mais à une seule condition : chaque jour de l'hiver vous construirez un igloo, chercherez du bois et ferez un feu, planterez le peu de noisette que vous n'aurez pas mangé et prononcerez quelques mots, les plus simples."
"Quels mots ?"
Alors l'écureuil s'en va dans sa tanière, leur rapporte la noisette et leur dit : "Ces quelques mots sont écrits dans votre coeur, en regardant le feu et en vous réchauffant mutuellement, vous les trouverez et ils nourriront vos nuits les plus froides."
L'homme et la femme repartent, croque une partie de la noisette et font comme l'écureuil a dit.
Le feu jaillit, l'igloo protège et le printemps arrive.
L'homme et la femme ne se sont rien dit mais la chaleur qu'ils se sont donnés, lorsqu'ils ont eu froid pour la première fois, a remplacé tous les plus beaux mots du monde.
Et la noisette plantée dans le sol a donné le plus bel arbre.

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Principe de l'amour

Publié le par delps


Il existe une baie noire et odorante qui donne le pouvoir d’aimer.

Il existe une fleur jaune et parfumée qui donne le pouvoir de haïr. On ne peut pas se tromper.

Alors un jour, une jeune fille cherchant l’amour rencontre un marchand de remède, bonimenteur à ses heures.

Il connaît le pouvoir de la baie et de la fleur mais ne dit rien à la jeune fille. Il lui propose le sirop de sureau, la fleur de camomille, et l’extrait de canelle.

Elle ne sait pas quoi choisir mais sent la baie sombre qui l’intrigue et regarde cette jolie fleur parfumée. Elle imagine que la fleur donne l’amour, ne demande aucun conseil au marchand et la paye aussi chère qu’il le lui demande.

De retour chez elle, elle met la fleur dans un vase et attend qu’un prince vienne sonner à sa porte.

Mais à chaque fois qu’elle parle les gens fuient apeurés. Sa propre mère ne la reconnaît plus. Elle est devenue laide et médisante.

La jeune fille triste de ne voir personne chez elle se demande si la fleur n’y est pas pour quelque chose.

Elle jette la fleur et retourne vers le bonimenteur.

“Je te l’avais bien dit, mais tu ne m’as pas écouté, cette fleur apporte la haine.”

“Mais que dois-je t’acheter pour trouver l’amour?”

“Et bien choisis ce qui te dégoûte le plus, ce qui te rappelle le moins l’amour, ce qui te fait le plus peur. Quand tu auras cette chose étrange et dégoutante, il t’arrivera les plus belles, les plus tendres choses, et tu trouveras l’amour.”

Alors la princesse prend la baie la plus mal odorante et la mange sur le champ. Elle devient toute rouge et rentre chez elle.

Elle rencontre sur son chemin un homme au regard sombre mais terriblement beau.

Il l’emmène avec elle et dans le village on ne l’a plus jamais revue.

On dit qu’elle est heureuse au-delà des montagnes avec le plus doux des princes.

                  P1050581

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