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Skeletton prend le train / Hommage à Paul Delvaux

Publié le par delps

Dans le transsibérien...

Dessins de J.D.

 

Skeletton est à la gare

L’agitation des quais l’impressionne

Il regarde partout où est le wagon

Qu’il doit prendre

Il le trouve : c’est le n°8

Il rentre et le contrôleur lui dit bonjour

Il trouve sa place

Il ne sait pas où il va

Car c’est un train magique

Personne ne connaît sa destination

Le train démarre

Skeletton est émerveillé

Par ce qu’il voit

Les gens de toutes les couleurs

Les paysages, les maisons, les jardins, les animaux

Il regarde tout

Quand tout à coup

Une femme avec un grand chapeau 1900

Mais toute nue

Vient s’asseoir prés de lui

Elle ne bouge pas

Elle a de grands yeux en amande

Qui semblent ne rien regarder

Comme absorbé par une rêverie

Skeletton est intimidé

« Bonjour, je m’appelle Skeletton. Comment vous appelez-vous ?

« Je m’appelle Annabelle. Je pars pour la lune et vous ? »

« Je ne sais pas. Je voudrais voir la mer. »

Alors surgit le contrôleur

« Je dois vérifier vos billets. Très bien, soyez très prudents,

nous allons loin, très loin,

dans un pays inconnu,

je vous conseille de faire très attention »

Alors le train s’arrête

Sur le quai de la gare

Une petite fille vend des fleurs

Skeletton descend

Achète une fleur

Et remonte pour l’offrir à Annabelle

Mais la belle a disparu

Skeletton est triste avec sa fleur

La fleur fane

Le train démarre

Dans les forêts, les plaines, les rivières,

Des promeneurs, des pêcheurs,

Des fermes avec des chèvres

Le temps est magnifique

Le train s’arrête

C’est la station de la mer

Skeletton descend du train

Il avance au milieu

De drôles d’architectures, de colonnes, de porches

Derrière se cachent d’élégantes dames

Elles ressemblent toutes à Annabelle

Et sur la plage, Skeletton s’assoit

Il est au bout de son voyage

Il touche l’eau et fait un vœu

Soudain la belle Annabelle apparaît

Elle le prend par la main

« Suivez-moi ! »

Ils s’éloignent en volant au-dessus de l’eau

On ne les a jamais revu

On dit qu’ils sont partis sur la lune

Et que de là ils nous observent

Chaque nuit

Morale : Il faut toujours aller au bout de ses rêves, peu importe où ils nous mènent, ils nous font avancer dans la vie comme dans un rêve.

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Le bal des menteurs

Publié le par delps

 

Les gens dansaient certes

Mais a-t-on oublié pourquoi ?

Ils dansaient pour la gloire

Ensemble, ils s’amusaient bien

Rien à voir avec l’indigence

Non, plutôt de la richesse

Mais celle de l’argent

Pas de l’âme

Car l’âme, ils l’avaient perdue

Perdue la tête

Effacés, les souvenirs

Comme des bribes de parole dans l’obscurité

Le bal continuait

Avec ses flonflons

Avec sa tristesse infinie

Plus d’espoir et encore

Moins de révolution

Juste une mascarade

Un jour sans carnaval

Alors l’un d’eux dit :

« Je ne suis pas coupable »

Puis la musique s’arrêta

Le bal était fini

Au-dessus de la place

Un nuage épais empoisonna

L’atmosphère pesante

Tout le monde s’éclipsa

En toussotant bêtement

Cette fête était inutile

A part pour l’enterrement

Celui-là serait terrible

Et bien moins drôle

Et tout le peuple toussota          

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Exorcisme

Publié le par delps

 

Exorciser ses peurs, dit-elle

Parler aux anges

Plutôt qu’aux rats

Qui ont envahi le monde

Taire la rumeur

Chuchoter

Ne pas se faire entendre

Sourdre le bruit

Derrière la forêt

Des gens assis

De l’imagination au pouvoir

Jusqu’à l’écoeurement final

La philosophie du progrés

Juqu’au point d’appui la paleur de ta main

L’horrible vérité

Le jeu de carte idiot

La masseuse batteuse

Le blé, le soleil et l’été

La blessure secrète

Qui ne doit pas être montrée

Rien, plus rien dans le salon

L’espace entre les yeux

L’énergie solaire

La vieille femme démente

Le retour des colibris

Qui chantent, qui chantent, qui chantent

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Ceci n’est pas permis

Publié le par delps

 

Jeté sur le lit

Le manteau dort

Mais que d’un œil

Sa propriétaire l'a laissé là

Elle est partie

Que d’aventure ont-ils vécu ensemble

Loin des chemins pentus

De l’éternelle montagne

Ils sont partis sur les routes

Des vies entières

A errer

Car avant lui

Il y en a eut d’autres, des propriétaires

Des gens peu habitués à parler

A dire, à exprimer leurs sentiments

Et ce manteau était comme ça

Impénétrable, imperméable sans doute

Alors la bonne qui faisait la chambre

Ne sachant qu’en faire, le découpa

En morceau pour faire des chiffons

Avec ceux-ci, dorénavant, elle essuie

Les vitres de la demeure

C’est ainsi que dans cette grande maison

Les vitres sont des réceptacles de lumière

Mais une lumière diffuse

Presque opaque

Le soleil se lève

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Peu avant minuit

Publié le par delps

 

C’était la nuit de la lune rose

Véridique et sauvage

Intransigeante, irrépressible

Elle se tenait bien droite

Dans l’entrebâillement de la porte

La nuit était tombée bien vite

L’arbre à thé et la cochenille

Se mariaient dans le jardin touffu

L’air était doux

C’était le printemps

Pas encore de grosses chaleurs

Juste une légère brise, bien fraîche

Alors elle ferma la porte,

Descendit dans le jardin

S’approcha du grand tilleul

Elle oublia le nom de cet arbre

Mais c’était bien un tilleul

Et non un arbre à thé

Avec cette odeur particulière

La lune rose étincelait

Puissante sur tout le jardin

Elle prit une des feuilles

De l’arbre verdoyant

La serra si fort

Qu’au creux de sa main

La feuille était devenue un petit d’arbre

Minuscule

Elle recommença avec une autre feuille

Bientôt le jardin devint une forêt

La maison disparut sous la végétation

C’était une nature opaque et rose

Comme la lune

 

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