L’interlude
Avant le début du générique, il y a l’interlude.
Seules quelques personnes s’arrêtent et regardent.
Quand la lumière s’éteint vraiment l’interlude est fini.
D’ailleurs il ne reste rien qu’un vague souvenir de musique d’ascenseur et de couleurs pastelles.
Le lendemain tout recommence et il y aura d’autres interludes.
Mais entre-temps, la nuit est agitée.
On ne dort que d’un œil et on repense alors à ce drôle de moment qu’est l’interlude.
L’interlude n’a pas de début ni de fin.
Il a toujours existé.
Il est espace dans le temps et seul celui qui s’y promène y trouve ce peu de choses pour vivre.
L’interlude n’est là que pour donner du temps pour flâner, se perdre et se retrouver, décrire avec le doigt la courbe des montagnes au loin, chanter la vieille chanson qui berce avant la nuit, scruter un vieux journal en quête d’un bon mot, apprêter sa coiffure avant le bal et caresser la main de l’aimé.
Seul l’interlude permet d’imaginer les bateaux partir du port les gens saluant la foule amassée là, de sentir le parfum des dernières fleurs avant l’hiver, de pleurer quand le film est triste et de ne jamais regretter le coucher de soleil.
Voilà à quoi sert l’interlude.
Il recommence maintenant.