Au milieu d’un champ un homme seul…

Publié le par aceuxquicotoientlesprecipices.over-blog.com

Au milieu d’un champ un homme seul…

Il marche mais s’embourbe. La boue lui arrive maintenant au genou. Il est seul, il n’a personne à appeler. Au loin le village passe à travers les nuages comme pour lui rappeler sa solitude. La boue est à la taille, ses mains touchent le sol. Un oiseau vole très lentement au- dessus de lui. Il est noir et semble appeler la mort. L’homme n’a pas peur. Il observe sa propre chute à l’intérieur de la terre. Il est patient. Il sait qu’à cette heure un paysan passe tous les jours avec son tracteur. Il l’a déjà vu quand lui rentre chez lui par la route avec sa voiture aujourd’hui en panne en contre bas. La pluie se fait plus dense. Il n’y a plus d’oiseau dans le ciel. Maintenant il ne bouge plus. Il s’est stabilisé à la faveur d’un rocher. La terre est chaude et humide, mais il a froid. La nuit tombe peu à peu. Impossible de dire l’heure qu’il est. Un rat passe en courant lui mordillant les doigts au passage. Et puis une, non, deux lumières l’aveugle soudain. C’est le tracteur…avec quelques heures de retard. Il avance mais si il continue ainsi il va l’écraser. Et le prisonnier a beau crier, le bruit du moteur efface sa voix. Ses bras s’agittent. Il lutte contre le poids de la terre et de l’air. A quelques centimètres de sa main le tracteur s’arrète et le bruit du moteur aussi. L’homme du tracteur descend de son engin en claudiquant dans la boue. Il paraît soul mais c’est la boue, cette terre collante, qui retient chacun de ses pas. Il se retient aux roues de son tracteur. Il appelle le prisonnier de la terre et lui tend la main. Tous les deux hébétés par cette étrange situation tentent de créer un lien au milieu du bourbier. Le prisonnier tend la main. Il arrive à toucher celle de son sauveur. Puis l’homme au tracteur lui tend une corde. Cette corde est le lien qui sauve finalement le prisonnier de la terre. Toute la force du monde concentrée dans cette corde. Chacun assis dans le tracteur, ils n’ont rien à se dire mais le prisonnier a d’abord dit merci.

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