Les rêves sont parfois des cauchemars
Il savait pertinemment ce qu’il faisait.
Il coupait toutes les cordes qui retenaient les bateaux du port.
C’était comme un acte terroriste.
Il les voyait partir un à un dans la nuit
Comme des ombres changeantes.
Les réverbères l’éclairaient.
Des policiers auraient pu le repérer.
Mais ça n’arriva pas.
Etonnamment, il put détacher tous les bateaux du port.
Il venait de se faire quitter par sa copine.
Une histoire ratée, une de plus dans sa courte vie.
Il entendit la sirène, puis apparurent les gyrophares.
Quelqu’un l’avait vu.
Il courut derrière un arbre pour se cacher.
Personne ne le vit.
Il dormit à côté de l’arbre et l’arbre lui dit :
« Soit pur comme l’eau qui coule de la montagne
et plonge loin pour retrouver l’amour,
car un des bateaux transportait ton cœur.
Maintenant que tu l’as perdu, il faut partir le retrouver par tous les moyens possibles et tu seras sauvé ».
Partir pour retrouver son cœur,
Au milieu de l’immensité.
Mais comment faire sans embarcation ?
Alors, il plongea au plus profond de l’eau
Et on ne le revit jamais.
Quand tous les bateaux furent récupérés,
Sur l’un d’entre eux, on trouva un bout de tissu.
A l’intérieur battait un cœur jeune et beau.
On le donna aux poissons argentés.
Où es-tu maintenant ?