A l’aube du voyage
Le voyage devait déterminer
Qui serait l’élu.
Elu par le peuple
Après des mois de campagne.
A travers le pays
C’est une femme qui était la mieux placée.
L’autre était hautain
Et ne plaisait pas aux foules.
La femme toute fraîche,
Du moins ses idées,
Fut élue facilement.
Et elle changea tout.
Un jour un tremblement de terre secoua le pays.
Les habitants affolés fuyaient
De toute part.
Alors à travers les ondes,
Derrière les micros, elle se mit à bégayer.
Elle ne réussit pas à aligner deux mots.
Elle devint toute rouge
Devant toutes les caméras
Et s’étouffa en direct
Sans avoir rien dit.
Le silence fut assourdissant.
Les survivants se réunirent
Et décidèrent qu’il n’y aurait plus de chef.
Seuls quelques uns seraient désignés
Pour gérer le tout-venant.
Et tous les mois ce conseil serait renouvelé.
Tout le monde oublia la chef.
Elle devint une ombre
A laquelle une poignée d’hommes rendit hommage
Les nuits d’hiver
Dans le cimetière où elle reposait.
C’était sans doute le moment le plus paisible de son règne.