La multiplication
Il y a d’abord un seul flacon de parfum.
Son odeur est forte et entêtante.
L’homme comme la femme s’en mettent tous les jours un peu sur le cou, l’avant des bras et le buste.
Rien d’étonnant jusqu’ici.
Quand un magicien au cours d’un de ces numéros commence alors à multiplier des flacons de parfum, l’odeur qui est ainsi produite devient suffocante.
Partout dans les rues, dans les campagnes, au fond des forêts, l’odeur est pestilentielle.
Alors, le roi décide d’arrêter le magicien et de le mettre dans un cachot tout noir.
Les parfums sont brulés et l’odeur se propage maintenant par la fumée.
Une brume épaisse envahit le monde.
Seul le magicien a le pouvoir de venir à bout de cette odeur, mais tout le monde a oublié où il est caché.
Le roi est mort depuis longtemps, beaucoup de fleurs et d’animaux aussi.
Les hommes abrutis par l’odeur sont tétanisés, ils ont perdu la mémoire et ont oublié le vieux magicien.
Mais il n’est pas mort.
Grâce à ses pouvoirs magiques, il est vivant bien après les morts.
Il se réveille chaque matin dans le noir de son cachot et tape contre le mur sa baguette magique, mais rien n’arrive.
Un jour de plus…quand soudain une étoile brille et illumine la petite pièce.
Elle sort par l’interstice du mur et se met à briller tel un soleil.
La brume en quelques minutes disparaît du monde.
Le magicien s’engouffre dans l’interstice qui s’agrandit miraculeusement.
Les fleurs et les arbres se réveillent.
Le magicien est devenu roi.
Depuis, on ne se parfume plus qu’avec la rosée du matin que l’on trouve au fond des
jardins au printemps venu.